Lisez bien !

Soit on fait le choix de s’investir et de partir a la campagne maintenant, soit on se destine a vivre du pillage plus tard.
Par exemple, planter un verger productif est un investissement qui s’étale sur plus d’une décennie. Et produire une alimentation variée et permettant de faire plus que végéter dans un état second est particulièrement exigeant. Sans machines complexes, sans capital, un individu peut difficilement subvenir a des besoins autres que ceux de sa propre famille.
Ceci-dit, il y’ aurait beaucoup a faire dans nos campagne pour augmenter la résilience. Des centaines de milliers d’ ha de châtaigniers sont en déshérence et ne produisent plus rien. Mais entretenir de telles parcelles est un travail très lourd, et il sera d’autant plus lourd que les machines vont se faire rares, et elles ne sont déjà souvent pas adaptées.
On ne pourra pas demander a ceux qui auront investi le travail d’une vie, et qui tireront difficilement de quoi nourrir leurs proches, de partager avec des gens au nom de la solidarité, et de mettre en péril la survie de leur proches.
Personnellement j’ai tout quitté, non pas pour sauver ma peau, je m’en remet a la nature, mais parce que je ne me suis jamais senti appartenir a ce monde industriel, ceci depuis l’ enfance (c’est un peu de famille). Je suis intrinsèquement “luddite”: je ressens un sentiment de fraternité profonde envers tous ceux qui haïssent ce mode de vie grossier et cette façon de se détourner du monde extérieur, de le violer constamment pour en pas avoir a affronter sa complexité.
Une grosse ferme regroupait autrefois facilement deux familles. Ici ils étaient 9.
C’est la solution dans un avenir proche: diminuer les besoins en produits industriels, en vivant sur des unités localement très autonomes, et ne conserver les échanges que pour des produits clés, a très forte valeur ajoutée.
En étant quasi autonome, on limite le besoin d’argent et l’on peut ensuite couvrir les taxes, et les autres impôts divers permettant de conserver une existence légale, avec une activité salariale ou commerciale limitée en heure. Ces échanges pourront être facilité si on est en réseau. Par exemple j’ai travaillé en Woofing avec un gros maraîcher produisant en traction animale. Par manque de contacts sur son propre pays , il a du faire un voyage aux états unis et contacter des amishs pour importer des machineslui permettant de travailler. A plusieurs on peut éventuellement importer plus facilement, remettre en route des productions, échanger des outils ou des savoirs faire.
En réseau, on pourra aussi plus facilement croiser du capital pour l’achat de terre et maintenir une certaine mobilité.
L’homme est un nomade dans l’âme et la solitude des milieux agricoles peut devenir très pesante (elle l’était déjà autrefois, il y’ eu de nombreuses fugues dans ma famille paysanne), surtout pour des gens ne partageant pas les valeurs des beaufs environnants (bagnoles, tracteur, piscine etc). Un réseau permettrait de rompre cette isolement, qui est un frein a l’engagement de certains jeunes qui ont peur de se retrouver marginalisés socialement.
Le dernier aspect d’ un réseau de ferme est qu’il permettrait d’établir des refuges.
Personne n’est a l’abri de problèmes: élargissement de route compromettant une exploitation, changement climatique rendant la vie impossible à tel endroit, concession minière, densification des habitations alentours etc… Plus le temps passe, plus le caractère insécure s’accroît et cette insécurité pourrait être contrebalancée par la construction d’un réseau.
Mais ce réseau ne doit pas rester théorique (numérique), il ne doit s’établir qu’entre personnes connaissant le travail de la terre (en s’étant formés par la pratique et capables de démontrer leur maîtrise), permettant d’établir une culture commune et des normes de confiance. Cela nécessite des contacts humains répétés, de travailler a la construction de nouveau lieu de vies etc…
J’avais pense nommer ce réseau “Survivre a l’effondrement industriel”. Je ne pense pas qu’il faille appuyer sur le côté humaniste, parce qu’il faut solliciter un esprit pionnier, l’envie d’entreprendre et la volonté de se battre. On ne peut partager que ce que l’on produit. Si cela est faux dans un système industriel, qui produit du surplus capté par une minorité, dans un monde de petits paysans, cela redevient une vérité intangible.
Nous devons nous battre ensemble pour arriver a produire ce qui nous fait vivre.
Si ma démarche est similaire a celle d’autres personnes, n’hésitez pas a me contacter.
Yann kervennic, Lugan Aveyron.
(photo article de 20 minutes)